La Deûle et son affluent la Marque ont partagé Marquette-lez-Lille en quartiers bien distincts : l’Abbaye, le Centre et Lommelet. Les ponts qui les franchissent jouent un rôle de rapprochement et de lien entre ces quartiers. C’est le cas du pont Mabile.
Avant la construction d’un pont fixe, un sentier serpentait à travers la propriété de Monsieur Vannière-Smet et menait à un pont tournant, constitué d’une planche tournante, mobile. La
déformation du mot mobile donnera mabile : d’où le nom de pont Mabile. Le premier pont fixe à cet endroit date de 1887. Ce pont sera détruit pendant la Première Guerre Mondiale, reconstruit quelques années plus tard. Dynamité* en 1940, il sera à nouveau reconstruit et inauguré le 14 juillet 1949. C’est Charles Fertin qui aura le privilège de couper le ruban tricolore. En 1986, d’importants travaux de relèvement du pont et d’élargissement de la Deûle pour mise à grand gabarit entraîneront la destructions de maisons et commerces situées en contrebas de la rue des Martyrs de la Résistance.
*Mai 1940, l’invasion allemande. Charles Fertin et Charles Malfaisan, deux amis, se retrouvent soldats au 12ème régiment régional. Dans la tourmente de la débâcle, les commandants français décident d’utiliser les « Pious-pious » de la ville pour faire sauter les ponts. « Faîtes sauter le pont Mabile ! Pour la France ! ». C’est l’ordre donné à Charles le Marquettois et à Charles l’Andrésien. Les deux soldats posent les charges explosives. Ils n’y connaissent rien, mais ils le font, pour la Patrie. Puis ils se mettent à l’abri, tirant avec eux le cordon qui permettra de pulvériser le pont. L’un des deux appuie sur le bouton du détonateur : Rien !
« Ça n’a pas sauté » s’écrie Charles Malfaisan, « Je vais aller voir ».
« Reste là, çà va exploser » crie Charles Fertin.
« Je dois aller voir » répond le premier en s’élançant vers l’ouvrage d’art.
C’est à ce moment que les explosifs se décident à fonctionner, emportant le pont Mabile et le malheureux Charles Malfaisan, mort pour la France le 27 mai 1940. Charles Fertin suivra son unité pour rejoindre la région dunkerquoise, avant d’être fait prisonnier et d’être emmené en captivité en Allemagne pour le restant de la guerre.